Cet article fait partie des 112 cas de l’économie bleue.

Cet article fait partie d’une liste de 112 innovations qui façonnent l’économie bleue. Il s’inscrit dans le cadre d’un vaste effort de Gunter Pauli pour stimuler l’esprit d’entreprise, la compétitivité et l’emploi dans les logiciels libres. Pour plus d’informations sur l’origine de ZERI.

Ces articles ont été recherchés, écrits par Gunter Pauli et mis à jour et traduits par les équipes de l’économie bleue ainsi que la communauté.

Si vous souhaitez contribuer, où nous faire remonter des erreurs d’écriture, de traductions ou de contenu, merci de bien vouloir nous contacter.

Cas 27 : Repenser l’emballage des aliments et des boissons

Mar 1, 2013 | 100 Innovations, Alimentation

Le marché

En 2008, la consommation mondiale de produits laitiers liquides a atteint un niveau record de 258 milliards de litres, soit une croissance de 2,2 % par rapport à l’année précédente. Soit quatre milliards de litres de lait supplémentaires. Le marché mondial des boissons emballées aseptiquement s’élevait à 86 milliards de litres pour 187 milliards d’emballages. Les ventes ont augmenté de plus de six pour cent par an depuis 2003, l’Asie enregistrant la croissance la plus rapide avec plus de 13 pour cent par an. Le lait représente plus de 45 pour cent de tous les produits emballés aseptiquement. L’emballage aseptique permet de stériliser séparément les aliments, les boissons et leur emballage, puis de les combiner en les scellant dans des conditions stériles. Cette application de niche pour les boissons est un marché en pleine croissance dans un contexte où le secteur de l’emballage adopte de plus en plus des matériaux multicouches pour les cartons, les sachets et les bouteilles. D’ici 2013, le marché mondial atteindra 113 milliards de litres avec 265 milliards d’emballages. En Asie la consommation progressant plus vite que partout ailleurs dans le monde, le marché atteint une croissance de 11%. Tetra Pak contrôle 80 % du marché mondial avec un chiffre d’affaires annuel de 10 milliards de dollars. SIG, deuxième plus grand fabricant mondial de briques carton avec 15 % de part de marché réalise un chiffre d’affaires de 1,5 milliard de dollars. Les deux sociétés ont leur siège en Suisse. Toutefois, Tetra Pak est originaire de Suède et SIG est contrôlée par le groupe Rand de Nouvelle-Zélande. Le groupe allemand Bosch est également un concurrent de poids sur ce marché de l’emballage multicouche. Ce dernier est utilisé pour de nombreuses catégories de biens de consommation. Les boissons, les produits cosmétiques, le café, le thé, les snacks et les produits de boulangerie.

L’innovation

Les entreprises alimentaires recherchent des technologies pour améliorer la durée de conservation et la traçabilité de leurs produits. La demande pour une durée de conservation plus longue combinée à une meilleure durabilité pousse l’industrie à repenser les techniques d’emballage vers des films biodégradables et de l’aluminium à couche mince. Le polyéthylène (PE) de qualité alimentaire pourra un jour être recyclé avec un polymère biodégradable, comme ceux produits par Novamont (Italie) ou Braskem (Brésil). En revanche, les emballages aseptiques et les couches-culottes sont les deux principaux facteurs qui contribuent à la croissance des déchets solides municipaux. Les leaders du marché et les détenteurs de brevets sur les emballages multicouches ont bien la capacité de conception et d’ingénierie pour assembler des emballages complexes, mais personne ne semble savoir encore comment les séparer. Alors que des efforts sont faits pour récupérer les fibres, la consommation de grandes quantités d’eau, le complexe de plastique et d’aluminium, sous forme de feuille ou de poussière, pose un défi majeur. L’aluminium représente un flux de déchets inacceptables que l’industrie a été incapable de résoudre. Bien que cette couche de métaux non ferreux purs soit indispensable pour assurer la barrière à l’air, le rejet incontrôlé implique que chaque année, 380 à 420 000 tonnes d’aluminium se déversent dans des décharges, ce qui en fait le plus grand dépôt de ce métal pur (en moyenne 1,5 gramme d’Al par paquet).

Mme Gloria Niño López a obtenu son diplôme en biologie dans son pays natal, la Colombie, puis s’est spécialisée en sciences alimentaires au Mexique. Elle a étudié la facilité avec laquelle les lichens pénètrent les roches et les a appelés les mineurs du monde. En effet, leurs hyphes n’ont que deux cellules d’épaisseur, ce qui permet une pénétration de la roche à une vitesse étonnante. Au moment où l’emballage aseptique faisait son apparition sur le marché de Bogota, elle a remarqué de manière fortuite dans la cuisine de son laboratoire, comment le lait aigre des cartons ouverts s’était répandu sur un disque compact (CD). Elle s’est rendu compte que le lait fermenté dissolvait la couche d’aluminium sur le CD en quelques minutes, laissant un plastique polycarbonate propre. Des observations plus approfondies ont confirmé que même l’emballage carton du lait commençait à se séparer là où celui-ci avait été découpé. En tant que microbiologiste de formation, elle a donc rapidement identifié les espèces responsables de ce processus et a élaboré une solution à partir de micro-organismes disponibles partout dans le monde et naturellement attirés par les boissons ou les aliments en décomposition. Il s’agit là d’une solution standard pour la séparation des matériaux multicouches, une technologie open source.

Anders Byström est arrivé à des conclusions comparables lors de l’exploitation de l’usine de recyclage des déchets de Bedminster à Stora Vika, près de Stockholm. Après trois jours d’exposition dans le four rotatif, les emballages aseptiques, les emballages alimentaires, les sacs de café et les CDs ont laissé des feuilles d’aluminium et de la poussière complètement séparés. Même si la preuve de l’efficacité a été démontrée au Japon (en coopération avec Tetra Pak Japon), au Brésil, en Colombie, aux États-Unis et en Suède, l’industrie est restée jusqu’à ce jour réticente à activement s’engager dans le développement d’un processus décentralisé de séparation des matériaux multicouches.

Le premier flux de trésorerie

C’est le maire de Curitiba, Casio Taniguchi, qui a décidé en 2000 de créer une entreprise sociale de collecte des emballages aseptiques et de les séparer en trois grandes composantes (papier, PE et aluminium). En raison du manque de soutien des fournisseurs qui refusaient de mettre leurs déchets industriels à disposition pour le recyclage, le projet a dû faire face à une bataille difficile. Cependant, les expériences de Curitibá, Tokyo et Bogotá ont permis d’affiner le processus et surtout de prouver que la solution biologique pouvait être produite localement. Cela ouvre la voie à des projets décentralisés et sociaux qui soulagent les décharges et les incinérateurs de déchets d’une composante majeure et croissante : les emballages multicouches. Le Politecnico di Torino, sous la direction du professeur Luigi Bistagnino, a élaboré un plan technique et économique détaillé qui a confirmé l’analyse de rentabilité.

L’opportunité

L’aluminium ne représente qu’une partie infime de l’emballage aseptique, des emballages alimentaires, des récipients pharmaceutiques ou des CD et DVD. La possibilité de mettre en place de petites opérations combinées à des avantages sociaux – comme le paiement des tickets de bus aux communautés marginalisées, comme c’est le cas à Curitibá, qui assurent un tri parfait des paquets de la décharge – offre une plate-forme pour des initiatives entrepreneuriales partout où il y a un site d’enfouissement. Ces projets contribuent à générer de multiples flux de trésorerie, en surmontant le problème traditionnel du cœur de métier. En effet, si l’on se concentre uniquement sur l’emballage aseptique, le volume peut être trop faible. Cependant, si l’on considère tous les matériaux multicouches, les caractéristiques de l’économie bleue deviennent évidentes : aller au-delà de la réduction des coûts en assurant la génération de revenus multiples. Le premier acteur est payé pour récupérer les déchets. Le deuxième est payé pour assurer une plus longue durée de vie commerciale à la décharge, en utilisant les déchets comme matières premières. Le troisième acteur vend les trois matériaux recyclés à des fabricants sous forme de feuilles ou de poussières, et grâce à la haute qualité des ingrédients utilisés, des prix élevés seront assurés. Dans le cas présent, l’ingrédient de base nécessaire à la séparation de l’aluminium est produit par les résidus de fermentation livrés avec les déchets d’emballage. Ce qui crée un intrant peu coûteux et autosuffisant. Enfin, ce modèle économique offre l’opportunité aux entreprises de sensibiliser le public au fait que leurs déchets seront réutilisés en fin de vie pour créer des emplois et de nouveaux produits ou aliments. Bien que les villes ne soient pas considérées comme des entrepreneurs, les entrepreneurs pourraient prendre contact avec la ville et mettre sur pied un consortium, comme c’est le cas actuellement dans différentes parties du monde. Le Politecnico di Torino est prêt à montrer la voie.

Découvrez d'autres articles des 100 Innovations

Bibliothèque de projets

Retrouvez l’ensemble des innovations et des clusters liés et promus par l’économie bleue sur la page de la bibliothèque des projets.

Nous suivre sur les réseaux

Pour découvrir notre actualité, les annonces inédites et nous aider à partager cette belle philosophie, suivez-nous sur les réseaux sociaux.

Nous contacter

Si vous souhaitez nous contacter, nous proposer des modifications où nous signaler des erreurs d’écriture ou de traduction, c’est par ici !